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Veillées silanaises (6 comments)

Added by Chroniques d'Atys over 14 years ago

Chiang le Fort était venu un soir pluvieux dans la tente de Wilk et était reparti rapidement, non pas que la chaleur du doux foyer de Wilk était repoussante, mais à cause de cette arrivée massive de réfugiés qui l'occupait à plein temps. Chiang, malgré son âge, était toujours aussi dynamique.

« Wilk, avait-il dit, tu apprendras aux enfants de ce monde la vie de leurs ancêtres afin qu'en plus d'être bons combattants ils connaissent leur Histoire. L'ordre vient d'en haut. »

Wilk avait débouché une de ses fameuses fioles d'alcool, et, comme figé dans le temps, il ne bougeait pas. Son seul sursaut de vie fut :

« Et ... Je serai payé, oy ? »

Chiang avait sourit, puis était sorti, laissant seul le tryker dans sa tente. Ce dernier soupira, se leva et chancela avant de se rétablir, puis se dirigea vers un coffre au fond de sa tente, perdu sous divers effets du tryker. Lorsqu'il ouvrit ce coffre, ses yeux larmoyèrent devant sa richesse... Des dizaines de cubes d'ambre, recueils du savoir, étaient soigneusement rangés là, emmaillotés dans de fines pièces d'étoffe.

« Et bien mes chéris, on va sortir il semblerait... »

HRP : Tous les samedis soirs sur Silan, entre 21h et 00h.

Interdite de Floraison

Added by Chroniques d'Atys over 14 years ago

Le Héraut Royal Libi Freldo arpentait inlassablement les rues d'Yrkanis depuis le lever du soleil. La longue chevelure verte de l'homine du Collège Royal flottait sous la légère brise printannière, tandis que sa voix à la fois forte et mélodieuse répandait aux alentours la nouvelle :

"Le Medis 8, 4e CA 2550, à 7h*, se tiendra au Belvédère d'Yrkanis la Magnifique le procès public de Maelya Rianiso, accusée de tentative de meurtre contre le Karin en personne, notre Prince Stevano, lors du dernier Bal Royal organisé en son honneur. Les jurés, qui auront l'honneur de conseiller le Karan dans son jugement royal, seront sélectionnés parmi les Sujets Matis présents.

Tout le Peuple Matis est invité à ce procès, ainsi que tout homin venant sans arme.

Que Justice soit faite !

Jena Aiye, Yrkanis Aiye !"

[*] Dimanche 9 mai à 21h

[event joueur] La Voie du Varinx (4 comments)

Added by anarkia over 14 years ago

Melosia propose un évent ce vendredi 16 avril à partir de 21h00.

Un mini-event à destination des Zorai aura lieu vendredi prochain 16 avril à partir de 21h Grand Place de Zora
Je m'occuperai des parties contes, et serait évidemment assistée sur la partie "petit scenario" par l'équipe d'animation que je remercie déjà pour l'aide à l'organisation

le programme est le suivant :

21h00 : intro de la soirée par quelques suivants du Grand Varinx

21h10 : un premier conte expliquant quelle est cette communauté de la jungle, majoritairement fyros et qui vénère un Ma-Duk >incarné dans un varinx

21h35 environ : petit scenario se déroulant au Havre de pureté

22h30 : deuxième conte introduisant la mythologie des varinx

23h00 : fin estimé

donc en résumé :

rendez vous 21h00 à Zora vendredi 16 avril

conseil sur la tenue/équipement : pas besoin de parure pvp, mais avoir quelques armes et armures pourraient s'avérer utile, >voire indispensable pour le petit scenario

(les heures données sont indicatives, tout suivi précis de l'horaire serait un pur coup de bol)

Le Bûcher de Cerakos ou la naissance de Pyr (2 comments)

Added by Chroniques d'Atys over 14 years ago

L'Empereur Cerakos, deuxième du nom, se tenait devant nous, immuable, rayonnant d’un calme surnaturel. Sa main droite tenait l’épée des sharükos, impitoyable et flamboyante, image même du Désert que nous habitions. Les rayons du soleil, tels les Kamis touchant de leur grâce un être cher à leurs yeux, faisaient luire d’un éclat particulier son armure d’os et de bois en ce jour sombre. D’inquiétant échos nous étaient revenus de l’équipe de forage de Benodir Nussami, et il y serait question de choses horribles. Les homins baptisèrent ces choses les « kitins » et la période que je raconte le « Grand Essaim », période ayant été racontée et commentée par bon nombres d’homins, aujourd’hui pour la plupart disparus.
Je tenais à mon tour à témoigner, en tant que Fyros, de l’horreur qui se déchaîna en cet an 2481 sur mon peuple, sur le Désert et sur le sharükos.

Le sharümal unique, Dexton, nous observait du haut de ses deux ans, accroché à la jambière gauche de son père le Destiné, tandis que nous nous préparions à mener une bataille capitale contre les kitins pour permettre au peuple de fuir à l’est. Le Destiné face à sa Destinée... Le calme du sharükos était prenant, mais au fond de moi grondait la peur, et la colère aussi. Mais jamais, et j’insiste sur ce terme, jamais nous n’avions imaginé ce qui arriva. Et c’est bien cela le pire.

***

« Régente ? Régente Leanon ? »
La sœur du défunt Cerakos II ouvrit les yeux lentement. Une fois encore elle regarda la tente de fortune qui avait été dressée pour elle, ces peaux de bête malodorantes et ce gobelet de bois ciselé, un cadeau d’un de ses anciens amis du temps où elle n’était que Princesse vivant dans l'ombre lumineuse du sharükos, et qu’elle avait tenu à conserver coûte que coûte, ne serait-ce que pour honorer la mémoire de cet homin disparu comme tant d'autres.

« Buvez un peu d’eau, Régente, vous avez l’air pâle… »
Sa servante vida le contenu d’une outre en peau de bodoc dans le gobelet, dans un bruit d’écoulement semblable à une rivière dans la forêt matis, ce qui accentua son mal de tête. Elle gémit en se levant de ses couvertures pour rejoindre la servante et la promesse d’une eau tiédie salvatrice. Elle but lentement, et son mal de tête se fit moins violent, mais persistait toujours, lui rappelant sans cesse l'épreuve qu'elle aurait à affronter dans les instants qui allaient suivre.

« Ils sont prêts, Régente, l’Impératrice-mère Lydia voulait vous prévenir un peu en avance afin que vous puissiez vous préparer. »
Leanon, la sœur de sharükos, gloire à lui, la Régente de l’Empire fyros, hocha la tête silencieusement, et se rendit lentement à la sortie de la tente.

***

« Fyros ! Mes Frères ! Frères de sang, Frères d’armes, Frères de la sciure ! » commença Cerakos II tandis que nous étions tous rassemblés à l’entrée massive de Fyre, la capitale de notre ancienne terre.
Alors que j’observais mes frères, je me rendis compte que seul L’Empereur Cerakos II et le maître de guerre Boendos Xydix semblaient calmes, cachant à la perfection leur anxiété. Je me souviens que derrière moi, femmes, enfants et vieillards se tenaient par la main, silencieux, nous regardant nous préparer à mener une guerre contre l’inconnu, l'innommable et le monstrueux. Personne ne savait ce qui l'attendait, et je crois bien que Cerakos II ignorait lui aussi le dénouement funeste de cette journée de 2481. Je n’avais pas vécu la guerre de Karavia, sinon lors des veillées nocturnes, où l'on mange à satiété tandis que les homines dansent sur les tables et que les homins surveillent le bodoc cuisant dans l'âtre, mais je sus au fond de moi que cela n’était fondamentalement pas le même genre de guerre. Nous ne nous battions plus contre ces arrogants fils de varinx de Matis, mais contre des bêtes inconnues, des monstres de chitine.

Alors que le vent battait nos armures et nos visages, séchant les tatouages de guerre fraîchements arborés par les guerriers, vecteurs de courage et de force, Cerakos reprit la parole. Paroles qui, à jamais, resteront gravées dans ma mémoire, et ce jusqu’à la fin de mes jours. Paroles scandées, glaciales dans la chaleur torride du matin, par notre Empereur à tous :
« Nulle terreur en nous, Fyros, car aujourd’hui, nous portons le destin de notre peuple sur nos épaules. Soyez forts pour vos homines, pour vos enfants. Soyez forts pour vous, mes frères. Soyez forts pour vous, mes frères ! La destinée s’arrête quant à elle ici. Notre sort est entre nos mains !»

Le gazouillis du petit Dexton emplit l’air, rompant le silence opaque créé par ces derniers mots. L’Empereur s’agenouilla auprès de son fils, le porta dans ses bras, et le confia à l’Impératrice Lydia, femme autoritaire mais néanmoins aimée par Cerakos II. Leur amour emplissait le Désert de joie, et les adieux se firent non sans chaleur. Des promesses de retour et d'attente furent échangées au sein du couple impérial, mais aussi des recommandations pour l'Impératrice, en cas de défaite. Cerakos n'avait jamais été un optimiste.
De tous côtés, gonflés de fierté par les paroles du sharükos et de courage grâce aux rituels accomplis avant la bataille, mes frères d’armes disaient au revoir à leur famille, certains qu’ils reviendraient conquérants.

J’espérais aussi que nous en sortirions vainqueurs, mais j’étais loin de me douter de la distance entre mes espérances et la cruelle vérité qui nous attendait ce jour-là, au détour d'une dune de sciure...

***

« Régente Leanon. »
« Impératrice Lydia. »
Elles se regardèrent sans se voir, le chagrin comprimé d’un jour à présent lointain pouvant librement s’exprimer, s’échappant d’abord par bribes, puis par pans entiers. La joie, aussi. Joie de savoir que leur sharükos allait enfin connaître les honneurs après tant d'années d'horreurs, de malheur, de privation... Elle se surprit à sentir des larmes amères lui monter aux yeux, et elle s’embrassèrent silencieusement, leur tristesse s’exprimant à l’unisson. Sharükos n’était plus, l’Empire renaîtrait de ses cendres mais rien ne ramènerait le Destiné qui gisait non loin, embaumé comme un défunt matis, prêt à être offert à la morsure brutale du feu d’une région totalement inconnue. Le petit Dexton était silencieux, tenant d'une main la drogyx rouge, déchirée par endroits, de sa mère autoritaire. Troublé par le chagrin apparent de sa mère, une image se forgea dans son esprit, celle des deux femmes les plus importantes de l'Empire fyros, unies dans la faiblesse et le chagrin rongeur, pour en tirer la force de rendre les derniers hommages dignes de son défunt père.

Alors retentirent les cornes de bodoc vidées, un son grave et prenant, faisant hommage au sharükos Cerakos deuxième du nom, surnommé le Destiné, qui avait cessé d'être. Les quelques Sénateurs encore vivants portèrent haut dans le ciel la dépouille vieille de trois ans déjà, comme s’ils l’offraient aux Kamis, et la Régente se plaça devant le cortège funèbre. Derrière eux venaient l’Impératrice, le sharümal Dexton, les fonctionnaires impériaux nommés par Leanon, et enfin le peuple du Désert, les survivants du carnage du Grand Essaim qui eurent la chance de trouver les arcs-en-ciel à temps. Ceux-là mêmes qui passèrent trois années de leur vie dans les Primes Racines, craignant le retour des horreurs et des atrocités, trois ans à côtoyer les ennemis comme les amis, trois ans à tenter de survivre.

« Si peu sont ceux qui sont venus te donner un dernier hommage, mon frère, si peu en ont réchappé… » songea Leanon alors qu’elle se mettait en marche, suivie par la procession. Ils s’éloignaient du campement de tentes qu’ils avaient établis peu de temps auparavant, pour se diriger vers une source incandescente trouvée non loin de là.

***

Nous marchâmes deux heures avant de sentir autre chose que le martèlement de nos pas sur la sciure. Une infecte odeur emplissait l’air. Seuls des rugissements bestiaux, inhomins, venaient troubler le silence. Cerakos II ordonna une halte, et nous comprîmes : le sol tremblait non plus sous les pas de l’armée levée par l'Empereur, mais sous les milliers de pattes qui se précipitaient vers Fyre. Vers nous, vers nos familles... Quelqu’un cria.

Un nuage de sciure apparut au loin, à l’ouest. Un gigantesque nuage en mouvement. Soudain, nous les vîmes. Des monstres sans âme, protégés par une carapace étincelante, émergèrent du nuage de sciure. Le grondement s’amplifiait, faisant violemment vibrer le sol, ravivant notre peur. Un rayon de soleil atteignit alors les chitines, nous renvoyant un éclat éblouissant, démoniaque. Je sais que plusieurs d’entre nous hurlèrent de peur, plus que de bravoure, mais personne ne les entendit, le vacarme de l’armée mortelle se rapprochant. L’odeur se fit plus lourde, suffocante, et il n’y avait pas la moindre trace de vent pour nous permettre de respirer.

Sharükos leva avec détermination son épée brûlante. « Vérité ! Force ! Honneur ! Justice ! Pour le peuple Fyros ! Pour l’Empire ! » hurla-t-il.
« sharükos pyrèkud ! sharükos pyrèkud ! sharükos pyrèkud ! SHARÜKOS PYRÈKUD ! »
Ma voix se mêlait à celle de mes frères, mur hurlant se dressant face aux armées kitines.

Personne ne faillit lorsque les premiers kitins s’approchèrent. Ils marquèrent un arrêt à quelques dizaines mètres de nous. En écho à nos cris s’élevèrent des rugissements de la part de ceux que nous appelons à présent des kinchers. Il y avait là de toutes sortes de kitins dits « offensifs », qui furent ultérieurement appelés kinchers, kinreys, kirostas, kipestas… Nous étions surpassés par le nombre mais sharükos faisait face, déterminé. Cela nous mit du baume au cœur, nous rassurant quelque peu.

« Etrange, murmura Cerakos II, on dirait qu’ils évaluent les homins, … » Le sharükos regardait la horde de monstres chitineux d’un air mêlé de respect et de rage. Puis il leva à nouveau son épée et le massacre débuta. Les kitins fauchaient les Fyros comme s’ils n’avaient été que des fétus de paille au vent du Désert, arrachant ça et là un membre ou une tête, transperçant de leurs pattes et mandibules poitrines et abdomens. Les Fyros devinrent muets devant tant d’horreur, et la puanteur de la mort commença à emplir nos narines. Si l’heure n’avait pas été si grave, j’aurais été parmi ceux qui auraient rendu leur succinct déjeuner du matin. La scène qui se passait sous mes yeux était au-delà de l’imaginable ... Ce n’était plus une bataille contre les kitins, c’était un massacre visant à éradiquer les homins !

Les cadavres de kitins tremblotaient encore aux pieds du sharükos quand il se fit toucher par le dard empoisonné d’un kirosta. Je me souviens que j’ai hurlé son nom, et que, un instant immobile au cœur de la bataille alors que mes frères tombaient l’un après l’autre autour de moi, j’ai couru vers mon Empereur, celui à qui toute ma confiance allait. Alors que je le rejoignais, je faillis rejoindre mes frères morts d’un revers de queue de kipesta. Sharükos était encore debout quand je me relevais après avoir été jeté à terre. Lorsque je le rejoignis, il retirait son épée du kirosta qui lui avait transpercé l’abdomen. Il se retourna, me regarda et me sourit.

« Ceux-là injectent du poison avec leur dard » murmura-t-il avant de laisser tomber son épée dans la sciure et de tomber lui-même à genoux. Ne pouvant y croire, je me souviens que je me suis jeté à terre, pour rattraper le sharükos, et le serrer contre moi, hurlant que tout irait bien, que sa femme et son fils l’attendaient sur la route de l’Est ; lentement il leva sa main gantée de bois et la passa dans mes cheveux. Il sourit à nouveau, défiant le poison qui courait dans ses veines à présent, tâchant de ne pas grimacer, ouvrit la bouche comme s’il s’apprêtait à dire quelque chose… Mais sa main retomba, inerte. Ses yeux se firent vitreux… L’Empereur Cerakos II venait de mourir.

***

« A toi Cerakos II, dit le Destiné, qui t’es battu contre les kitins pour permettre à ton peuple de se fuir et de survivre. »
La Régente de noir vêtue regardait le visage momifié de son frère. Après une heure de déambulation comme le voulait la coutume, le cortège s’était arrêté prêt de la source incandescente située non loin du campement, permettant aux Fyros de venir grossir la procession. Ces nouvelles terres lui rappelaient non sans tristesse celles qu’ils avaient abandonnées aux kitins. Une larme coula le long de la joue de la Régente, qui récitait les prières avant de livrer le corps aux flammes.

« A toi Cerakos II, dit le Destiné, père de mon fils, qui permit au peuple Fyros de ne pas s’éteindre. »
L’Impératrice Lydia, elle aussi vêtue de noir, vint rejoindre la Régente et se joignit à elle pour les lamentations. Leurs deux voix mêlées, emplies de chagrin, vinrent se joindre à celles du peuple, pour finir en un grondement sourd de tristesse et de rage mêlées.

Le fils de Cerakos II et Lydia, regroupé avec les enfants de haut rangs, tenait la main d’une petite fille nommée Xania, et murmura « Adieu, papa ». Ce murmure fut porté et amplifié par le vent, mettant fin aux prières, et le peuple put exprimer son chagrin. Certains pleurèrent, d’autres hurlèrent.

Chacun exprima le sentiment violent de perte, et si ce n’était pas pour sharükos, c’était pour les proches disparus à ses côtés dans cette bataille suicidaire pour permettre la fuite du peuple.

***

La suite des évènements fut pour moi comme un rêve, ou plutôt un cauchemar. Sharükos venait de rendre son dernier soupir dans mes bras, et dans l’instant même le tumulte du combat se fit de plus en plus puissant, comme si pendant que je courais vers l’Empereur, la scène s’était figée. Piètre pièce de théâtre, de fait. Les kitins autour de moi, et le nombre croissant de fyros à terre, inertes, me firent réagir d’une manière assez étrange. En moi rugit une assez glauque sentence mais je me devais d’y obéir, ne serait-ce que pour l’honneur de mon peuple. Un des quatre piliers de ma civilisation…

« Ramène le corps de sharükos pour que les honneurs lui soient rendus ! »

Mon sang ne fit qu’un tour. J’étais seul, entouré de kitins qui ne faisaient pas attention à moi, occupés sûrement à décimer notre minuscule et ridicule armée comparée à leurs effectifs. Abandonner le combat pour sharükos. Abandonner mes frères pour sharükos. Le dilemme sembla me tourmenter longtemps, et pourtant seulement quelques secondes s’étaient réellement écoulées. Ma décision fut prise, me lacérant le cœur : je devais rejoindre le peuple parti en exil avec le corps de l'Empereur, abandonnant mes frères à leur funeste destin. Pour plus de commodité, j’aurais dû retirer l’armure de Cerakos II pour transporter son corps, et ne pas ramasser son épée. Pourtant, je me refusais à l’idée d’abandonner deux icônes mêmes de l’Empereur sur ce champ de bataille. Derrière moi, un bruit de succion écoeurant se fit entendre, et en retournant la tête, je me rendis compte que de nouveaux kitins étaient apparus et emportaient tout simplement les corps des défunts à l’arrière du combat. Etrangement, cette vision me redonna de l’énergie et je me mis à courir, oui courir, avec le corps de Cerakos II enfermé dans l’armure qui était devenu mon fardeau.

Vite essoufflé, je dus faire une pause, et alors que je déposais, plus loin du tumulte que je ne l’aurais cru, le corps inerte, un étrange sentiment de perte se fit ressentir en moi, puis une douleur fulgurante au niveau de l’avant-bras gauche : il n’y était plus. Je crois que j’ai hurlé, et me suis retourné juste à temps pour voir un kincher essayer de me voler autre chose. Sans bras gauche, je ne pouvais plus porter le corps de Cerakos II, et alors que j’allais me faire décapiter net, le kincher s’agita en un soubresaut et tomba sur le côté. Derrière lui, j’aperçus la silhouette d’un artilleur fyros, armé de son fusil. Il courut vers moi. Sans un mot, nous regardâmes nos derniers frères tomber, impuissants, sous les assauts de la marée de chitine, et se faire ramener par les kipees derrière les lignes de soldats kitins, comme une vague emporte la sciure en Trykoth. Le Fyros m’avoua qu’il m’avait vu avec le corps de sharükos sur mes épaules et qu’il avait vu ce kincher me poursuivre. Il avait donc lui aussi été déchiré par ce cruel dilemme et était venu me sauver. Il porta le corps de sharükos après avoir garotté mon mon avant-bras, et je me chargeais de l’épée de l'Empereur. Nous tournâmes le dos à nos frères morts pour ne plus jamais regarder derrière nous.

***

Le corps fut glissé lentement sur la source incandescente, et le bûcher commença. Alors que les cendres virevoltaient encore au vent du Désert, la Régente Leanon déclara :
« Aujourd’hui est un jour où la tristesse se mêle à l’Honneur, où la Justice réclame vengeance. Ce même jour est décrété Jour du Bûcher, afin que l’on se souvienne du Grand Essaim d’il y a trois ans, de l’année 2481 et de ceux qui sont morts pour permettre à notre peuple de survivre, et assurer sa pérennité au sein même de ces nouvelles terres ! Là où Cerakos II brûle une dernière fois par la flamme divine d’Atys se tiendra la Porte de Cerakos de la Cité que nous rebâtirons ! Cette cité se nommera Pyr en mémoire du jour de sa fondation. Ensemble, nous rebâtirons l’Empire du Désert ! Ainsi en ai-je décidé, moi, Leanon, Régente jusqu'à ce que sharümal Dexton atteigne l'âge de nous gouverner tous. »

La capitale du Désert Ardent dans les Nouvelles Terres, située dans la région des Dunes Impériale venait d’être fondée sous la pluie de vivats à destination de Dexton.

« Sharükos pyrèkud, sharümal èkud. Longue vie à Dexton ! » scanda la foule. Face à une telle dévotion envers le sharümal, Leanon pressentait que sa Régence ne serait pas chose aisée.

Extraits d’un écrit intitulé « Le Destiné »,
écrit par Abyreus le sans bras, 2489 (JY).

Le Bûcher de Cerakos ou la naissance de Pyr

Changements impériaux (81 comments)

Added by Chroniques d'Atys over 14 years ago

Lettre publique affichée dans tous les coins fréquentés de Pyr.

Oren Pyr, Patriotes !

Cette missive vous est adressée afin que nous préparions notre rencontre prochaine* lors de la date prévue de la prochaine assemblée des akenak. Je vous demande de réfléchir et de choisir ceux ou celles qui seront les akenak de chacune de vos guildes patriotes afin de remplir les fonctions demandées.

Rappel du décret impérial de sharükos :
Les guildes d'allégeance kamis ont devoir de fournir à l'Assemblée des akenak deux akenak et deux suppléants.
Les guildes d'autre allégeance que kamis ont devoir de fournir à l'Assemblée des akenak un akenak et un suppléant.

Que le soleil irradie Pyr, sharükos pyrèkud !

Sénatrice Dios Apotheps

PS : Ne soyez pas en retard.

[*] HRP : mardi 23 mars à 21h00, salle de réunion dans le palais.

Période de Floraison (279 comments)

Added by Chroniques d'Atys over 14 years ago

Rodi di Varello sortit de la salle du trône, un demi sourire aux lèvres. Comme prévu, le Roi l'avait sermonné à cause de son incapacité flagrante à faire assurer la sécurité sur le lieu du tournoi.

"Par Jena, comment des trouble-fête ont-ils pu si aisément passer les barrières des gardes ? Comment avez-vous pu ainsi ternir Notre réputation et celle de Notre Fils ? Ils ont tué le Prince devant tous, vous rendez-vous compte du rejaillissement que cela pourrait avoir ?"

Rodi n'avait pu que courber la tête et s'excuser platement, promettant que cela ne se reproduirait plus. La colère du Karan était légitime...

Le tuteur du Collège Royal traversa la capitale matis d'une démarche à la fois élégante et assurée. Hormis cet incident regrettable, le Karan et le Prince avaient apprécié le tournoi, savourant tant sa qualité que le fait de voir des combattants de la Forêt sortir vainqueurs des épreuves.

"Ils seront récompensés à juste titre, avait dit le Karan. Hier, ils ont fait honneur au Royaume et leurs talents de guerriers Nous honorent, tout comme ils honorent Jena. Qu'ils soient présents au début du bal, Nous leur remettrons leur récompense en personne !"

Rodi di Varello poursuivit son chemin à travers Yrkanis, remontant vers le Nord de la ville. Ce faisant, il repensait aux Nobles qui avaient magnifiquement organisé ce tournoi en l'honneur du Karan et du Prince. La fierté pouvait se lire dans son regard... Il sortit de sa courte rêverie en arrivant au Belvédère, sortit un parchemin couvert d'une écriture hautement raffinée et le placarda bien en vue :

Sujets matis, Suivants de la Karavan,

Le Thermis 20, 1er CA 2550 (*) sera organisé un Bal en l'honneur du Karan et du Prince, devant la Rotoa, près d'Avalae. Un tel événement se devant de mettre en valeur la Beauté et l'Élégance suprême qui fait le raffinement des Matis, la Reine a chargé sa Cour d'enseigner aux futurs danseurs le cérémonial en usage lors des bals. Ce cours de bienséance aura lieu devant la Serre le Medis 30, 1er CA 2550 ( * *) et sera ouvert à tout Sujet Matis ainsi qu'à tout Suivant de la Karavan.

D'autre part, lors de ce cours de bienséance sera ouvert un concours réservé aux couturiers Sujets Matis ou Suivants de la Karavan : ceux-ci devront présenter en début de soirée une tenue matis pour homine ou pour homin, une pièce exotique (non matis) étant acceptée. Les deux tenues déclarées gagnantes par la Cour seront offertes à la Reine et au Prince, qui les porteront lors du Bal.

Jena Ayie, Yrkanis Aye !

[* ] HRP : Mercredi 17 mars à 21h00
[
] HRP : Jeudi 18 mars à 21h00

[HRP] : Events réservés aux Sujets Matis et aux Karavaniers.
Mercredi 17 : cours de bienséance et concours de couture. Pour le concours de couture, tous les skins sont acceptés et la qualité doit être Q10.
Jeudi 18 : bal. Sortez vos plus belles tenues !

Décisions et convocation du peuple Fyros (26 comments)

Added by Chroniques d'Atys almost 15 years ago

Prima, Pluvia 1, 3e CA 2549
Pyr

Décret Impérial

Patriotes, Peuple fyros,

Les élections populaires de cette année et les remous qui s'en sont suivis ont mis en évidence une faille dans la législation de l'Empire. Ceci était intolérable et ne pouvait perdurer. J'ai donc dépêché le Sénat sur ce dossier et celui-ci a une fois de plus répondu honorablement à mes attentes.

Patriotes, prenez note dès à présent des modifications de la législation en vigueur dans l'Empire :

1. Religion officielle de l'Empire Fyros

- La religion officielle et non contestable de l'Empire Fyros est celle de la voie montrée par les Kamis, nos protecteurs.

- Toute propagande ouverte pour la Karavan est prohibée. Toute effraction à cette règle entraînera une sentance correspondant à la gravité de la faute, pouvant aller jusqu'à l'interdiction de séjour dans les villes de l'Empire.

- Tout patriote ayant juré allégeance à la Karavan ne peut être banni de Pyr, sauf s'il agit intentionnellement, et que cela peut être prouvé, contre l'intérêt de l'Empire ou de son peuple.

2. Les akenak

- Chaque guilde patriote peut se faire représenter à l'Assemblée par un akenak issu de ses rangs et choisi en interne, et ce, quelle que soit la religion de ladite guilde.

- En cas d'absence d'un akenak lors d'une Assemblée, celui-ci peut se faire remplacer par son suppléant, issu de la même guilde que lui et choisi lui aussi en interne.

- Toute guilde patriote kamiste peut être représentée à l'Assemblée par deux akenak ou, en cas d'impossibilité de présence de ces derniers, par un ou deux suppléants.

- Toute guilde patriote karavanière peut être représentée à l'Assemblée par un seul akenak ou, en cas d'impossibilité de présence de ce dernier, par son suppléant.

- La durée de mandat d'un akenak reste à la libre appréciation dudit akenak et de la guilde qu'il représente. Elle devra cependant être d'au moins une année de Jena. Chaque guilde peut donc présenter un nouvel akenak après ce délai d'une année.

- La durée de mandat d'un suppléant reste à la libre appréciation dudit suppléant et de la guilde qu'il représente. Chaque guilde doit cependant veiller à disposer en permanence d'un suppléant.

- Le mode de fonctionnement, la périodicité, les buts et les attributs de l'Assemblée popuplaire des akenak restent inchangés.

Par ailleurs, je vous convoque le Tria, Germinally 21, 4e CA 2549* à l'Agora de Pyr. Veillez, patriotes, à ce que tous les jénaïstes soient présents.

Vérité ! Honneur ! Discipline ! Justice !

sharükos Dexton, premier du nom,
fils de sharükos Cerakos II

[*] HRP : le lundi 22 février à 21h00

Convoi perdu (3 comments)

Added by Chroniques d'Atys almost 15 years ago

Retrouvez cette annonce dans le forum WebIG

Attention changement de dates

Event à destination des joueurs Karavaniers, qui aura lieu le vendredi 29 janvier et le mardi 2 février, à partir de 21h

Mithus Xalon était inquiet. Le convoi avait vraiment beaucoup trop de retard. Il s'était forcément passé quelque chose d'anormal.
- Boeix !

Le garde ainsi hélé accourut auprès du chef de la Kuilde.
- Oui, Chef ?
- Le convoi que nous attendions en provenance d'Yrkanis n'est toujours pas arrivé, ... c'est anormal. Prenez deux hommes, les meilleurs mektoubs, faites le trajet et trouvez les. Surtout, trouvez les... S'il était arrivé quelque chose, ça serait terrible.

Boeix s'inclina devant son chef, puis partit rapidement, en s'inclinant avec déférence devant l'Ambassadeur Karavan qui tronait avec son autel au centre du campement du Nexus.

Mithus Xalon continua à faire les cent pas devant sa tente au fur et à mesure que la journée passait. Ce ne fut que le lendemain qu'il eut les nouvelles, mais pas celles qu'il attendait.

Boeix arriva à pied au campement, poursuivi par un Cuttler dont les gardes se débarrassèrent bien vite. L'infortuné garde arriva pantelant devant son chef:
- Disparu, Chef ! On a fait tout le trajet jusqu'à Yrkanis ! Je suis rentré avec un pacte, Deukos ramène les mektoubs de son côté.

Mithus résista à grand peine à son envie de pousser un hurlement de dépit. A la place, il réfléchit à haute voix.
- Il faut qu'on le retrouve. Et vite ! Ce n'est pas un homin isolé qui a pu faire le coup, et si c'était des animaux, vous auriez trouvé des traces.

Le Chef de la Kuilde grogna.
- Il va nous falloir de l'aide.

Aussi, dès le lendemain, on put voir des affiches en divers endroits:

Suivants de la Karavan,

Comme vous le savez tous, la Kuilde est l'une des tribus les plus fidèles à la Karavan et à notre Déesse Jena. A vous qui suivez ses Enseignements, nous vous demandons >aujourd'hui votre aide.

Nous vous attendrons à notre campement du Nexus afin d'exposer ce que nous souhaitons.

Mithus Xalon, Chef de la Kuilde

HRP: Rendez-vous vendredi 29, à 21h au Camp de la Kuilde, dans le Nexus
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Atysoël 2009 : reportage (2 comments)

Added by Chroniques d'Atys almost 15 years ago

L’Atysoël 2009 fut inoubliable !

Et par chance pour vous, moi, Farao le Lutrykin, ai réalisé pour vous un reportage sur cette période magique. Vous pouvez m’applaudir bien fort !

Travaillant toute la nuit, les Lutrykins firent jaillir du sol un village merveilleux : celui d’Atysoël. Lieu de festivités et de paix, ce village fut vite envahi par une foule d’homins émerveillés, sous le regard ravi du grand Yuboël.

Voici les lutrykins Mimi et Momo, posant fièrement aux abords du village, devant un des magnifiques sapins décorés par leurs soins.

Un peu plus loin, vers le cœur du village, nous avons pu caresser le grand Yuboël qui, accompagné de ses petits, veille sans relâche sur les cadeaux préparés par les Lutrykins.

Et là, vous pouvez voir un bonhomin de neige, niché entre la mini-étable des Lutrykins et les coffres contenant mille merveilles. Je sais ce qu’ils contiennent, mais c’est un secret !

Un peu plus tard, il y a eu une invasion fort sympathique : celle des animaux blancs. Des animaux magiques, tout de blanc vêtus, répondant à l’appel du grand Yuboël. Vous aimeriez voir un luciogramme de ces êtres magnifiques, n’est-ce pas ? Et bien, je suis au regret de vous informer que cela ne sera pas possible, car j’avais égaré mon luciographe…

Mais, chanceux que vous êtes, vous allez pouvoir admirer les magnifiques sapins réalisés par vous, homines et homins, après une quête mémorable à travers tout Atys, à la recherche du plus beau sapin coupé, puis de ses diverses décorations si difficiles à trouver ! Mais la course en valait la chandelle ! Et peu à peu, des sapins rivalisant de beauté furent plantés un peu partout sur Atys, principalement dans les villes.

En voici un à Pyr :

En voici un autre à Zora :

Yrkanis aussi s’est parée de ses plus beaux atours :

Quant aux Trykers, je crois qu’ils ont voulu faire de la capitale de leurs Lacs une nouvelle forêt, mais des bûcherons sont passés par là-bas avant que je ne puisse prendre la forêt scintillante en lucio. J’ai pu cependant me faufiler discrètement à travers la ville pour immortaliser le sapin trônant au bar du célèbre Ba’Naer :

Dans la nuit d’Atysoël, il y a eu un problème avec le traîneau du Sint : son fidèle mektoub s’est blessé et le contenu de son traîneau s’est renversé un peu partout sur Atys. Je ne vous raconte pas la folie chez les homins ! Ils couraient partout, avec de grands sacs sur le dos, pour ramasser les cadeaux perdus !

Les cutes ont d’ailleurs été très intrigués par ces cadeaux, et ils ont décidé de les protéger au péril de leur vie. Alors si vous voulez leur en dérober un, faites attention !

J’en ai repéré au milieu des kirostas aussi. J’ai préféré rester discret… ils n’ont pas l’air commodes, ces kitins !

Vous pouvez apprécier le courage légendaire de votre reporter préféré, car j’ai réussi à prendre ce luciogramme juste avant de me faire courser par le torbak au second plan. Dangereux comme métier !

Si vous cherchez bien, vous trouverez encore des cadeaux ci ou là, comme ici par exemple, près d’un Arana.

Certains sont tombés dans l’eau, c’est gâché… Les kipestas auraient pu essayer de sortir celui-là !

Celui-ci, je ne sais pas pourquoi, mais j’en rêvais. Je me suis approché sans bruit, mais… aïe ! Ça mord fort, un cuttler !

J’ai trouvé une plaine remplie de cadeaux perdus ! Par malchance, elle était occupée par des kitins…

Vous voyez ce gibbaï ? C’est sa faute si je n’ai pas pu prendre de luciogrammes de la formidable course de mektoubs à travers tout Atys, visant à savoir quel est le mektoub le plus rapide de tous, celui qui remplacera le mebktoub blessé du Sint pour sa tournée de livraison de cadeaux !

C’est aussi à cause de lui que je n’ai pas pu immortaliser la magnifique pièce de théâtre jouée au village d’Atysoël, ni l’inoubliable déballage du cadeau géant par les spectateurs un peu après la pièce !

En effet, le gibbaï a cassé mon luciographe…

Dernier moment fort attendu : la venue du Sint, avec sa hotte pleine de cadeaux ! Durant toute la saison, les Lutrykins ont reçu des demandes de cadeaux de la part d’homins, non pas pour eux-mêmes, mais pour la personne de leur choix. Puis le grand moment est venu, et les élus émerveillés se sont vus remettre un paquet cadeau par le Sint en personne, au nom d’un de leurs amis.

Voici le Sint à Zora, accompagné de deux Lutrykins :

Le Père Fouettard a tenté de faire échouer la distribution de cadeaux, mais en vain.

Le Sint fit ainsi le tour des capitales, distribuant ses cadeaux, suivi de près par le Père Fouettard.

Il termina sa tournée par le Nexus, où avait lieu un tournoi.

Enfin bref, comme vous avez pu le voir, cet Atysoël 2009 a vraiment été formidable, et j’espère que vous tous, homines et homins, l’avez apprécié. En tant que Lutrykin, je tiens à vous remercier tous, car c’est grâce à vous qu’il a été si beau ! Et n’oubliez jamais que nous, les Lutrykins, n’existons que par vous, que par votre foi en la magie d’Atysoël !

Joyeux Atysoël à tous !

Gagnants du concours d'Atysoël 2009 ! (3 comments)

Added by anarkia almost 15 years ago

Le conte du Noël gourmand (Valkin, 1ère Place)

Il y a environ vingt années, deux guildes qui se vouaient jusqu'alors une haine infinie, arrivèrent enfin à trouver la paix.
Le baron matis Kaldon et le chef des traqueurs Kuon Fu-Jin s'affrontaient depuis si longtemps qu'ils en avaient presque oublié la raison pour laquelle ils le faisaient.
Mais une trêve pu être conclue lorsque d'un geste noble, Kuon Fu-Jin porta secours à Madini, la fille du baron, en détresse au milieu des primes racines.
Le baron, reconnaissant, promit aux traqueurs que jamais plus ils ne lutteraient les uns contre les autres dans d'atroces batailles sanglantes.
Puis l'hiver arriva et les fêtes de Noël avec lui.
Le baron Kaldon jugea bon de faire envoyer un immense convoi de cadeaux à Kuon Fu-Jin et à ses disciples afin de les remercier d'avoir sauvé sa chère et tendre fille.
Les caravanes partirent donc au petit matin et l'on décida de prendre le chemin le plus sûr pour atteindre la jungle en traversant les charmantes contrées des lacs.
Mais c'était sans compter sur la mesquinerie des trykers.
En effet, de vils brigands en quête de richesses surgirent de nulle part et prirent d'assaut le convoi.
Les gardes matis désemparés tentèrent en vain de leur expliquer que tous ces cadeaux étaient destinés au traqueur Kuon Fu-Jin, mais les trykers avides ne voulurent rien entendre et emportèrent avec eux la précieuse cargaison.
De retour à leur campement, les pillards entreprirent d'ouvrir leur beau butin et découvrirent un assortiment de friandises toutes aussi appétissantes les unes que les autres.
Si leurs bourses demeurèrent vide, leurs estomacs par contre furent bien rempli par de savoureuses confiseries matis d'un goût à la fois raffiné et exquis.
Mais au lendemain de Noël, un guetteur vint inspecter le campement qu'il trouva étrangement silencieux et fut surpris de constater qu'il était parsemé des cadavres de toute la horde.
Le baron avait empoisonné chaque friandise.

La morale de cette histoire est qu'il ne faut jamais ouvrir un cadeau qui ne nous est pas destiné... Surtout s'il provient d'un matis !

La légende du Labyrinthe des Lutins (Nymphéa, 2ième place)

« Approchez, approchez ! Et installez-vous autour du feu ! Car c’est sous les étoiles que je vais vous conter ma légende préférée : celle du Labyrinthe des Lutins…

Peu après l’installation des Matis sur les Nouvelles Terres et la création de la ville d’Yrkanis, Ciello Socho, cartographe royal de Yasson, partit explorer les contrées du nouveau Royaume. Le blanc manteau de l’hiver recouvrait déjà le sol de son immensité, rendant les voyages plus périlleux encore, mais rien n’aurait pu retarder le départ du jeune Matis. Après des jours et des nuits d’une marche épuisante, il atteignit une zone totalement inconnue et, malgré ses précautions, ne tarda pas à s’y perdre. Il faut dire que cette région était un véritable dédale, et le tracé hasardeux de ses chemins relevait davantage d’un écheveau emmêlé que de ceux d’une contrée civilisée.

Bientôt, l’inévitable arriva : Ciello se retrouva encerclé par une bande de gingos, visiblement fort peu impressionnés par sa magnifique pique délicatement ouvragée. La meute affamée se jeta sur lui dans des hurlements saisissants, et il ne dut son salut qu’à l’arrivée impromptue d’un groupe de trykers gesticulant et criant, qui jetèrent sur les bêtes incrédules des nuées de boules de neige.

C’est blessé et à demi conscient que le jeune Matis fut transporté à travers le labyrinthe naturel jusqu’à un genre de petit village à demi enfoui sous la neige. Là, il fut soigné et nourri par ceux du petit peuple et, grâce à leurs soins attentionnés, il put se lever après quelques jours seulement.

Il rencontra alors le maître du village, un très vieux Matis à la longue barbe blanche, tout de rouge et blanc vêtu. Autour de lui grouillaient des trykers portant tous le même chapeau de tissu rouge orné d’un gros pompon. Le Matis était visiblement un riche commerçant, car les trykers à son service s’empressaient de fabriquer pour lui les choses les plus belles qui soit, du délicat tissu brodé au petit flacon d’un parfum des plus subtils, en passant par l’épée au manche en bois précieux, ciselé avec délicatesse.

Ciello tenta vainement de convaincre cet étrange homin de venir habiter Yrkanis et de se mettre au service du Roi Yasson. Celui que les trykers du village appelaient « Ser Atysoël » se contentait de sourire et de répéter que sa place était ici et nulle part ailleurs.

Quelques jours plus tard, Ciello Socho prépara son balluchon, et fit ses adieux à Ser Atysoël et à la troupe de lutins joyeux qui travaillaient pour lui. Il fut conduit hors du labyrinthe sur un traîneau tiré par quatre caprynis, sous la neige tombant à gros flocons. Les yeux à demi fermés à cause de la neige cinglant son visage, Ciello ne vit pas le traîneau s’élever dans les airs et traverser en ligne droite la région. Quoique… peut-être le vit-il, mais sa raison l’empêcha de le croire…

Ciello Socho, le cartographe royal, baptisa cette nouvelle région « Le Labyrinthe des Lutins », en souvenir des trykers qui l’avaient sauvés là-bas. Mais jamais il ne parla à personne de Ser Atysoël et de son mystérieux village surgi de nulle part… Qui l’aurait cru ?

L'Esprit de Noël (Tomelin, 3ième place)

Un vieux tryker, un bonnet défraîchi sur la tête, tellement élimé par les années de Jena qu'on distinguait les cheveux gris sous le tissu, alignait tranquillement des paires de bottes de tailles différentes devant un des hublots de son appartement. Il sifflotait, le cœur empli de joie en cette nuit particulière. L'appartement était étrangement calme à part les ronflements sortant des hamacs dans les pièces d'à côté.
Il s'installa confortablement sur un des sofas, se versa une rasade de psykopinthe et, contrairement à ses habitudes, sirota son verre tranquillement, repensant à une certaine nuit...

La neige tombait sur la jungle, tantôt aussi douce qu'une caresse, tantôt aussi cinglante que la main d'une homine offensée.
Tomelin cligna des yeux sous l'action conjuguée des flocons qui battaient son visage selon les humeurs du vent et du voile d'une éclatante blancheur posée sur l'humus.
Il venait d'arriver dans le Pays Malade et le voyage par le téléporteur karavan le mettait toujours autant de mauvaise humeur.
- « Par les tétons glacés de Jena, toujours aussi froids, impersonnels ces sauts... », grommela-t-il, un nuage de vapeur sortant de la bouche.
Il baissa les yeux et remarqua devant lui, Varixia qui le regardait étrangement, la tête légèrement penchée sur le côté. Il sentait que le cerveau de sa fille était en train de s'emballer et que des idées inattendues et déconcertantes allaient débouler d'ici peu.
- « Popa ? »
- « Oy la Ptiote ? », tout en pensant que c'était parti.
- « Ch'est quoi tétons ? » demanda-t-elle en parfaite gamine sauvage ingénue.
Les ennuis commençaient... et les questions étaient toujours... surprenantes.
- « Hé biiieeeen... les tétons... les tétooonns... c'est... ca... sous tes poils... »fit-il en montrant du bout de sa hache les formes de la jeune homine peu cachées par l'armure moyenne.
Tomelin jugea que la gamine était en proie à une intense réflexion vu l'angle de sa tête.
- « Et Grena mettre tétons dans bière...comme les glachons ? Ronron pouvoir faire pareil dans lait ? »
Un silence pesant s'abattit sur la neige molle. Des visions de bière et d'homines dévêtues traversèrent rapidement l'esprit de Tomelin. Celui-ci secoua la tête.
- « Ronron... il va vraiment falloir que nous ayons une discussion sérieuse ! », dit-il.
- « Greuu ! », fit-elle pour seule réponse.
- « Bon ! On va la faire cette gromenade ? », demanda-t-il pour changer de sujet, « euh.... promenade. »
- « Ouaiiiis ! Gromenade ! », cria-t-elle tout en commençant à courir autour de lui, « Et Ronron veut joujou ! Ronron veut miam joujou Staro. »
Tomelin s'élança, le manche de la hache bien en main.
Jena ! Qu'est ce qu'il pouvait détester ce pays. Déjà l'été, c'était un labyrinthe sinueux dont tous les chemins se ressemblaient. Mais alors en hiver, avec la neige...
Ils cherchèrent longtemps le joujou de Ronron, mais la neige et le vent rendaient la tâche difficile.
Le ciel commença à s'assombrir mais cela était trop tôt dans la journée. Le vent se leva un peu plus, forcit puis se transforma en bourrasque. Le rideau de neige devint plus épais, cinglant les visages au point de les rendre rouges. Ronron restait le plus souvent derrière son père, se protégeant un peu des rafales qui plongeaient vers les deux trykers. Il devenait dur pour eux de trouver leur chemin.
Un son cristallin sembla percer de la neige qui tombait. Comme un bruits de clochettes. Tomelin leva la tête vers le ciel puis la secoua. Sûrement des stalactites de glace qui tintaient en haut des arbres.
La bourrasque forcit, elle aussi, pour se transformer en blizzard. La neige tombait drue, en gros flocons.
A nouveau ce son si particulier. Une fois encore, Tomelin leva la tête. Une trouée plus calme dans les rafales, le ciel devint un peu plus clair. Le tryker distingua une longue forme. Il s'arrêta brutalement, se frotta les yeux puis se retourna vers Varixia qui venait de le percuter.
- « Tu as vu la Ptiote ? », demanda-t-il, « là-haut dans le ciel ? »
- « An... Ronron regarder ses papattes ! »
Tomelin reprit sa course. Troublé, il repensa à ce qu'il avait vu.
Une carriole sans roue, posée sur des planches et tirée par des raspals. Dedans, un drôle de personnage au corps presque intangible, grand, bleu, coiffé d'un bonnet rouge ourlé de fourrure blanche.
On ne voyait pas à un mètre. Et finalement c'est Staro qui les trouva et non l'inverse. La rencontre fut brutale, mortelle... quelques minutes d'un combat perdu d'avance, à l'issue inévitable. Rapidement deux corps gisaient sur la neige, des fleurs écarlates éclosant tout autour d'eux. La vie s'écoulait au rythme des goutes de sève qui s'échappaient de leurs blessures.
Dans une vague inconscience rougeâtre, Tomelin distingua à nouveau l'être au bonnet rouge. Celui-ci se pencha vers lui, un grand sourire aux lèvres.
- « Ronron... », murmura d'une voix quasiment inaudible le tryker, avant de partir dans un maelström noir...
...On lui léchait le visage. Il ouvrit doucement les yeux et, petit à petit, le noir fit place à une lumière orangée. Au-dessus de lui, le visage de Ronron, légèrement inquiet, en train de lécher ses joues.
Il se leva lentement, grimaçant de douleur tellement son corps lui faisait mal, s'essuyant au passage les joues abondamment mouillées.
- « Popaaaaa ! », fit la gamine, « Ronron faire léchouilles pour réveiller toi, mais le grand bleu, là, le 'orai choigner nous. »
Tomelin regarda autour de lui. Ils se trouvaient dans une hutte zorai. De l'autre côté, un zorai l'observait, le masque impassible.
- « Lui trouver nous devant sa hutte, Popa ! Lui s'occuper de nous ! », continua Varixia, visiblement excitée.
- « Grytt ! », lâcha Tomelin, accompagnant ses paroles d'un hochement de tête.
Pour toutes réponses, le zorai prit une écuelle, remplit celle-ci d'un ragoût de viande et de légumes fumant et la tendit à Tomelin. Varixia reniflait le plat avec méfiance.
Le tryker mangea en silence, attendant patiemment le temps où il pourrait parler. Il reposa son écuelle, ragaillardi par la nourriture chaude.
- « Merci encore pour votre aide Nair-zorai ! J'ai une question ? »
Un silence que le tryker finit par prendre pour un assentiment.
- « Il m'a semblé entendre des sons surprenants et voir un être tout aussi bizarre ! », déclara Tomelin, tout en décrivant ce qu'il avait vu et entendu, « Peut-être savez-vous ce que c'est ? Ou qui c'est ? »
Le tryker crût distinguer un sourire sous le masque.
- « Tu as croisé un kami, petit être des Lacs, un kami particulier ! L'Esprit de Noël ! », répondit le zorai, avant de se taire.
Tomelin et Varixia attendirent patiemment, sachant que le zorai parlerait quand il en aurait envie.
- « C'est un esprit particulier, qui n'apparaît que très rarement. Un esprit d'amitié et de partage. Et rares sont ceux qui ont pu le croiser ! Tu as eu de la chance petit être ! Une chance indicible ! »
Le zorai se tut à nouveau.
- « Laisses sa puissance et son énergie t'imprégner en cette nuit. », fit le zorai.
Celui-ci se leva, chercha dans un petit coffre et ramena une paire de bottes qu'il plaça devant la porte.
- « Ce soir, tu devras mettre tes bottes devant la porte. C'est une tradition le jour de l'Esprit de Noël. Si ton cœur s'est ouvert à sa puissance, tu auras peut-être un cadeau. »
Tomelin déposa ses bottes, imité par Varixia, plus quand même pour ne pas froisser leur hôte que pour autre chose. Puis ils passèrent une bonne partie de la nuit à discuter de l'Esprit de Noël et de ce qu'il représentait. Ronron somnolait à côté de son père, sa tête sur les genoux de ce dernier. Tomelin caressait négligemment les cheveux de la Ptiote. Puis la fatigue de la journée eut raison de tout le monde et chacun s'allongea pour la nuit.
Tomelin ne dormait pas, perturbé par les évènements. Puis, pris d'une inspiration subite, il tâtonna à la recherche de sa ceinture et dégagea de leur fourreau deux dagues ondulantes délicatement ouvragées. Il se leva discrètement et glissa les dagues dans les bottes du zorai. Puis il se rallongea et finit par s'endormir.
Dans la pénombre, sous le masque, un zorai souriait avant de sombrer lui aussi dans le sommeil.
Le lendemain Varixia se leva la première et poussa un cri de joie.
- « Popaaa, regardes ! Un grubo ! Un grubo de noël ! »
Tomelin écarquilla les yeux et regarda en direction des bottes. Ronron, les yeux brillants, était déjà en train de lécher un yubo vivant, terriblement apeuré, enserré entre ses bras. Puis il regarda vers ses bottes et eut la surprise d'y découvrir une paire de dagues zorai de grande qualité et tout aussi finement ouvragées. Il regarda le zorai qui était en train de sourire.
- « l'Esprit de Noël, petit être ! », fit celui-ci laconiquement, « L'esprit de Noël ! »...

Le tryker sortit de sa rêverie, se rendit compte que son verre était presque sec et décida d'aller se coucher, non sans avoir glisser quelques friandises dans les bottes.
Le reste, c'était l'affaire de quelqu'un d'autre.
Le lendemain, il fut réveillé par les cris de joie de la nombreuse marmaille et des adultes réunis chez lui pour l'occasion. Il se leva, le bonnet toujours vissé sur la tête, enfila un vieux pantalon Ry-Lithen de couleur bleue et rejoignit le groupe. Les enfants battaient des mains et les adultes riaient.
Devant le hublot, les bottes étaient garnies de cadeaux et de sucreries. Il se mêla aux enfants, joyeux, comme il le faisait maintenant depuis cette nuit dans le Pays Malade.
Une chose le turlupinait encore malgré toutes ses années.
Il se demandait comment l'Esprit de Noël faisait pour remplir les bottes dans son appartement submergé...

Un chant d'Atysoël (Shinki, 3ième place ex-aequo)

Il est des destins auxquels on ne peut échapper, et qui coulent dans la sève des homins de génération en génération. La fatalité qui devait conduire Aekos Apocaps et Lini Antodera à se battre jusqu’à la mort était de cette nature. Voici le récit d’un conflit ancien, qui déversa un flot de sève sur les anciennes terres, mais qui pourtant vît naître un nouvel espoir à l’aube du Grand Essaim.

A l’époque des faits, Aekos Apocaps était un général en fin de carrière. Il était issu d’une grande lignée de guerriers fyros, de ceux qui ne baissent les yeux devant quiconque, pas même devant la mort en personne. Aekos était un vieux briscard aux tempes grises, au cuir parcheminé et dont les cicatrices rédigeaient l’histoire d’une vie tumultueuse. Ce grand général était d’imposante stature, le caractère rude et redouté de tous. Il se jetait dans la bataille sans ciller, son regard fier et d’un bleu acier transperçant l’ennemi comme une lame. On disait que ses yeux étaient encore plus arides que le désert, car jamais on y verrait couler une larme. Ses soldats étaient prêts à donner leur vie pour lui sans la moindre hésitation, et l’auraient suivi jusque dans l’antre du Grand Dragon si il leur avait commandé.

Lini Antodera, fraîchement promu capitaine de bataillon matis, connaissait fort bien la réputation d’Aekos Apocaps. Ce jeune matis ambitieux sortait d’une adolescence nourrie par les récits de batailles de son père, le Grand Duc Ciero Antodera. Les Antodera étaient une famille de la grande noblesse matis, et vouaient une animosité sans borne à la lignée des Apocaps, sans que personne ne sache plus vraiment où puisaient les racines de cette haine. A la mort du Duc, le jeune Lini se devait de prendre la relève. Son père disait toujours qu’il n’y avait qu’une seule façon décente de mourir pour un Antodera : en croisant la lame avec un Apocaps. C’est d’ailleurs face au général Aekos Apocaps que le Duc avait rendu son dernier souffle, la lame ardente de la stavon dévorant ses entrailles tandis que le regard froid du général transperçait son âme. Devant le cercueil en bois précieux du Duc, Lini se fît la promesse de vaincre Aekos, partagé entre le désir de revanche et la soif de surpasser son propre père.

L’occasion ne tarda pas à se présenter, lorsqu’au début de l’hiver les troupes d’Apocaps firent une incursion en pays matis. Ils ramenaient de Trykoth un contingent de jeunes trykers, afin de les former au combat dans les ruines de Coriolis. A cette nouvelle, les chefs d’armée matis sonnèrent l’alerte. En effet, un précieux convoi dirigé par une tribu zoraï se trouvait alors dans la même région que les troupes du Fyros. Ce convoi transportait une cargaison de goo hautement nocive extraite au cœur de la jungle corrompue, goo qui devait servir aux botanistes matis pour d’obscures expériences. Il fallait à tout prix arrêter les troupes d’Aekos avant qu’elles n’interceptent le convoi délétère. La garnison de Lini ayant établi ses quartiers d’hiver dans la région, le jeune capitaine matis reçut l’ordre d’intervenir au plus vite. Lini Antodera se frotta alors les mains en songeant à la nouvelle arme qu’il venait de mettre au point pour vaincre son ennemi juré.

La famille de Lini avait un talent particulier pour l’alchimie, ils étaient capables de confectionner des philtres aux effets redoutables. La récente trouvaille de Lini était un élixir dérivé de sève de Psykopla, et qui avait pour propriété d’assujettir les esprits. Même si la potion ne permettait pas encore de dompter l’esprit d’un homin, elle était assez puissante pour soumettre des hominoïdes primitifs. Lini avait donc fait capturer une tribu entière de gibbaï afin de tendre un piège à Apocaps. Les créatures velues avaient été parquée non loin du campement, et chaque jour un garde matis leur apportait de la nourriture, après y avoir versé quelques gouttes d’élixir. Le garde matis était aussi doux que possible avec ces êtres pouilleux, afin de gagner leur confiance, et grâce aux effets du philtre les gibbaï devinrent de plus en plus soumis à la volonté des matis. Chaque jour également, un soldat endossait une vieille armure fyros, imprégnée de l’odeur typique de cette race, et brutalisait les créatures afin d’attiser leur haine. Lorsque les troupes d’Apocaps arrivèrent en approche de la Gorge Moussue, les bêtes capturées étaient conditionnées pour faire un massacre. C’est alors que le convoi zoraï, prévenu par un éclaireur, vint se réfugier dans l’avant-poste matis. Lini fit part de son plan au chef de tribu zoraï, Fuan, une espèce d’illuminé qui en profita pour souffler à Lini quelques judicieux conseils.

Aekos Apocaps n’aimait pas passer par la Gorge Moussue, ses troupes y étaient vulnérables. Mais en ce début d’hiver il n’y avait pas d’autre route praticable. Des nuages anthracites s’étaient abattus sur eux comme une chape de plomb, et la neige se mit à tomber de plus belle, cinglant le visage endolori des soldats. C’est alors que de menaçantes silhouettes noires se découpèrent en face d’eux, leur barrant le passage. Aekos jeta un œil en arrière : trop tard !… d’autres ombres leur coupaient tout retraite. Il allait falloir se battre, et ce terrain neigeux n’était pas propice aux Fyros et Trykers qui l’accompagnaient…
Quelle ne fut pas la stupéfaction des troupes d’Aekos lorsqu’elles virent déferler sur eux une horde de gibbaï purulents, recouverts de cloques violacées. Quelle pestilence avait donc pu frapper ces sauvages?… De la goo, ce ne pouvait être que ça. Leur force et leur fureur s’en trouvait décuplée. Telle était l’œuvre de Fuan, le manipulateur de goo, qui avait mis une touche finale et sordide au plan de Lini en contaminant ses créatures. Les soldats fyros et trykers se débattaient face aux bêtes informes, submergés par un flot de griffes acérées et de morsures infectes. Ce n’est qu’au prix de maints efforts qu’ils finirent par prendre le dessus sur ces immondes sauvages tout droit sortis de l’enfer.

Tandis que la plupart des gibbaï gisaient dans la neige tachée de sang, et qu’Aekos croyait ses troupes sorties d’affaire, Lini Antodera sonna la charge et un bataillon entier de matis, auquel se mêlait quelques zoraï, fondit sur la légion affaiblie du vieux général. Les armes des homins s’entrechoquèrent en un fracas plus violent qu’une pluie de grêlons. Aekos pesta contre les méthodes sournoises de son ennemi, et malgré la fatigue il se mit à trancher du matis en une valse énergique, faisant virevolter sa stavon qui laissait une traînée de braises à chaque coup porté. Lini se fraya un chemin dans la foule belligérante, à la recherche de son ennemi juré. Lorsqu’il arriva à proximité du général Aekos, le visage de Lini se fendit d’un rictus et ses yeux se mirent à briller d’un éclat sinistre. Lini pointa sa lance en direction d’Aekos, comme pour le défier. Mais le général fyros avait l’air subitement perdu, ne prêtant même pas attention à Lini, il semblait chercher vainement quelque chose au milieu de ce fatras de corps disloqués qui jonchaient la gorge.

Le sang de Lini ne fit qu’un tour : « J’aurai ta peau, vieux fou ! ». Alors que Lini se jetait sur Aekos, le visage du général, occupé à d’autres pensées, s’illumina soudain. Sans même chercher à éviter la lance de Lini, Aekos arrêta d’un revers du bras l’épée d’une de ses recrues tryker qui s’apprêtait à pourfendre un des gibbaï encore en vie. L’épée ondulante entama durement le brassard du général, et le sang se mit à suinter le long de la lame, mais Aekos ne broncha pas. Stupéfait, le jeune tryker resta pétrifié sur place, à l’instar de Lini que la surprise avait figé dans sa course. Pourquoi s’inquiéter de la vie d’une de ses immondes créatures, au risque d’y perdre un bras ? L’onde de stupeur se propagea et peu à peu les combattants des deux camps s’interrompirent. Le général grommela de sa voix grave :
« Ecoute… »

Au pieds du général gisait un des primitifs, à peine sorti de l’enfance, qui serait contre lui la dépouille purulente d’un des siens. De ce petit corps misérable s’élevait un chant, tout d’abord couvert par le vacarme de la bataille, mais qui résonnait de plus belle tandis que le combat s’éteignait. Le chant de ce jeune gibbaï était si pur et si intense, que jamais de mémoire d’homin on avait entendu pareille grâce. La complainte s’éleva jusqu’à emplir la gorge d’une troublante harmonie. C’est alors que les nuages gris, comme en réponse à une prière, se déchirèrent pour déverser un flot de lumière pâle sur les homins abasourdis.
« C’est un chant d’Atysoël !…» s’exclama Aedan, le jeune tryker.
« Mais enfin… comment cette bête… pourrait… » rétorqua Lini, désemparé. Comment pareille beauté pouvait naître d’une créature aussi laide et grotesque ? Aucun palais, aucun bijou ne pouvais rivaliser avec la magnificence d’un tel chant. A son écoute, le soldat le plus endurci devenait aussi inoffensif qu’un enfant. Toute haine semblait avoir disparu.
Lini dévisagea Aekos, dont les yeux humides brillaient sous les rayons du soleil d’hiver. Des larmes. Il avait fallu une vie entière pour que des larmes naissent dans ces yeux. Une vie passée à repousser la mort en attendant une révélation. Le vieux général s’inclina et déposa sa stavon ardente aux pieds de l’hominoïde. Puis il se redressa et murmura :
« Je l’ai connu. Merci… Aujourd’hui je suis prêt à mourir… »

Lini s’avança en direction du général, sa lance vivante à la main, et déclama :
« Je suis Lini Antodera, fils du Grand Duc Ciero Antodera, venu en ce lieu pour prendre ta vie. »
C’est alors qu’à la surprise de tous, Lini déposa sa lance sur la sol, puis tourna les talons et s’éloigna du champ de bataille. Ainsi, peu à peu chaque soldat, quel que soit son camp, imita le geste des deux héros et déposa son arme en offrande à la créature, comme un signe de paix. Fuan le zoraï enjoignit les siens d’administrer les premiers soins aux gibbaï encore vivants, afin de les soulager des blessures et de la goo qui rongeait leurs chairs.

En ce jour d’hiver, sur une écorce blanche et rouge, un simple chant d’Atysoël émanant d’une créature improbable avait su rappeler aux homins la force du lien qui les unis sur Atys. Ce jour de pardon avait semé les graines d’un nouvel espoir, une entente qui permettra plus tard aux homins de s’unir sous une même bannière face à la déferlante kitin et de fonder le mouvement que l’on appellera : la Force de la Fraternité.

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